Coup de gueule: le pont du Diable

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet. DR

Ouvrez vos journaux, allumez vos radios, vos TV, ils vous disent tous exactement la même chose: l’initiative de l’UDC sur l’immigration de masse pose les bonnes questions. Mais il ne faut surtout pas voter pour elle, parce qu’elle vient de l’UDC. C’est un peu comme un pont construit par le Diable. Il vous amène en trente secondes d’un bout à l’autre du vallon, mais surtout évitons-le: il est l’œuvre du Diable!

Alors, plutôt que d’emprunter ce pont maudit, on prendra des heures ou des jours pour le détour, en franchissant à pied le torrent glacé. C’est cela qu’ils nous répètent tous, dans la presse romande: les questions soulevées sont les bonnes, il y a un vrai problème lié à la quantité des flux migratoires depuis l’entrée en vigueur des bilatérales en Suisse, la sous-enchère pratiquée par certains patrons est bien réelle, mais… surtout ne votons pas l’initiative. Elle porte la marque du Diable.

Alors soit, ne votez pas pour le Diable. Il aurait vu juste, diagnostiqué juste, cerné un problème, dit la vérité. Mais que voulez-vous, il faut bien le diaboliser, puisqu’il est le Diable, sinon où irait-on? Eh oui, qu’adviendrait-il, si nous, porteurs du Bien, devions lui concéder, au Malin, une parcelle, même infinitésimale, de clairvoyance et de lucidité?

Alors, d’accord, faites le tour de la vallée, goûtez aux eaux glacées. Pour ma part, mon temps étant compté, vous me permettrez juste de passer le pont.