Stupéfiant canton de Vaud

Consommer du cannabis, en acheter et même en cultiver. Il y a peu, c’était chose encore totalement impensable. Sauf que les mentalités, comme la loi, ont évolué. De nombreux Etats, notamment américains, ont changé la donne: le Colorado, en 2012, qui a été le premier à voter en faveur de l’usage récréatif du cannabis, suivi par celui de Washington, puis de sept autres, l’Uruguay et le Canada leur emboîtant le pas. En Europe, la légalisation totale n’existe pas, mais la tolérance est de mise dans beaucoup de pays. Elle est réservée à la consommation personnelle de drogue, en petites quantités, mais n’exonère pas les trafiquants. Elle maintient souvent aussi, d’importantes contraintes pour les usagers.

L’argument majeur qui a prévalu à la légalisation totale tient somme toute au bon sens: l’interdiction du cannabis cause davantage de torts qu’elle n’en résout. Elle coûte cher et n’est pas efficace. Libéraliser sous contrôle étatique permet non seulement de casser les filières des trafiquants qui inondent le marché, donc à combattre économiquement le crime organisé, mais aussi à rendre l’accès au stupéfiant plus difficile pour les enfants.

En Suisse, comme souvent, on demeure en retard. Le Conseil Fédéral souhaite bien que des essais pilotes soient menés, mais dans certains cantons, on met le dos au mur. Comme dans celui de Vaud où le Conseiller d’Etat Philippe Leuba ne veut pas en entendre parler. Même si, de plus, une légalisation sous contrôle pourrait par ailleurs rapporter plus de 80 millions de francs annuels à l’Etat et créerait des milliers d’emplois.

Une vision passéiste du problème. Dommage! Car ici aussi le temps est venu d’explorer d’autres approches que l’interdiction pure et simple qui n’a jamais rien résolu.