«Mendier pour survivre n’est pas un délit!»

POLITIQUE • Fin septembre, suite à une initiative de l’UDC, le Grand Conseil approuvait l’interdiction de la mendicité dans le canton de Vaud. Cette décision a visiblement troublé une partie de la population. Un référendum vient d’être lancé.

  • Mendier pour survivre n’est pas un délit, estiment les signataires de la lettre envoyée au Conseil d’État. dr

    Mendier pour survivre n’est pas un délit, estiment les signataires de la lettre envoyée au Conseil d’État. dr

«Criminaliser le geste de demander l’aumône est inadmissible dans une société démocratique. Cela porte une atteinte inacceptable à des droits fondamentaux de la personne humaine, à commencer par celui de demander de l’aide quand il n’a plus rien. L’interdiction de la mendicité nous rappelle les plus sombres pages de régimes autoritaires dans l’histoire.»

Lettre au Conseil d’État

L’interdiction de la mendicité, votée récemment par les députés du Grand Conseil vaudois à une courte majorité, ne rencontre visiblement pas que des adeptes. En début de semaine, neuf représentants d’associations de défense des démunis, des élus et des responsables de différents partis politiques, parmi lesquels non seulement des partis de gauche, mais les Jeunes libéraux-radicaux vaudois, ont signé une lettre ouverte au Conseil d’État.

Celle-ci souligne que l’acceptation de cette initiative pose un certain nombre de graves problèmes: «Sur le plan des droits fondamentaux de la personne humaine, elle viole le respect de la dignité humaine et le droit à la liberté personnelle et paraît contraire à l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme ainsi qu’aux droits fondamentaux inscrits dans la Constitution fédérale et vaudoise», soulignent les signataires. Et d’ajouter: «Sur le plan du respect des valeurs d’une société démocratique, cette décision constitue aussi un rejet pur et simple des pauvres ainsi qu’une stig- matisation supplémentaire de populations déjà vulnérables. La grande pauvreté appelle à une recherche de solutions responsables et solidaires, et non au déni.»

Trouver une solution

Les associations et mouvements signataires demandent donc au Gouvernement vaudois de trouver rapidement une solution compatible avec les droits humains et constitutionnels et qui prenne en compte que le geste de demander l’aumône ne saurait être criminalisé en tant que tel.

«Nous nous engageons dans ce combat référendaire avec des forces et des moyens très limités», soulignent-ils encore et comptent sur le fait que nombre de citoyens semblent partager leur indignation. «Il ne s’agit en effet pas seule-

ment de déclarer son opposition, mais de la manifester par des engagements concrets et significatifs sur ce point. Il en va du respect des droits de chacun et chacune dans cette société. Mendier pour survivre n’est pas un délit!»