A Crissier, une nouvelle fronde contre des constructions...

URBANISME • Plus de huitante Crissirois ont signé une lettre adressée au Conseil communal pour s’insurger de l’ampleur des bâtiments prévus sur le site du Château. Mais l’opposition arrive un peu tard.

«Avec cette lettre, j’aimerais faire prendre conscience aux autorités, et au reste des habitants, que l’on ne peut pas galvauder ainsi la nature pour des questions de rentabilité. On ne peut pas tout permettre!» Jean Braissant habite juste à côté des constructions projetées. Son cheval de bataille, comme il le nomme, c’est la préservation de la nature sur cette parcelle de 44’391m2 qui n’arbore pour l’heure que de la verdure en plus du château de Crissier et de ses dépendances.

Préserver la nature…

A l’initiative de la lettre envoyée comme une «alerte» au Conseil communal fin avril, il dénonce aussi une construction qui ne s’intègre pas dans le paysage. Problème: c’est durant la mise à l’enquête du plan de quartier, en été 2017, que l’opposition aurait été légitime. Olivier Chastellain, lui, l’avait faite en vertu de la loi sur la protection de la nature, des monuments et sites. Il lui avait été alors rappelé que la Direction générale de l’environnement, en charge de l’application de la loi sur la protection de la nature, des monuments et des sites avait validé le plan de quartier du Château. Par ailleurs, il demandait également la pose de gabarits, qui n’est intervenue qu’entre février et mars de cette année, lors de la mise à l’enquête pour le permis de construire.

… Et le château

Or, malgré des images de synthèse, jugées trompeuses, présentées à la population en août 2017, ce n’est que grâce à la pose récente des gabarits que les riverains ont réalisé l’impact des futurs immeubles. «Cela a provoqué une levée de boucliers dans le quartier. Tout le monde s’insurge, car cela va détruire le site du château», déplore Etienne Dufour, membre du comité de l’association Sauvegardons Crissier. Pour lui la grogne est d’autant plus forte qu’il est propriétaire d’une parcelle qui s’inscrit comme partie intégrante du site: «J’ai appris que l’on m’avait inclus dans le périmètre du plan de quartier sans m’avoir rien demandé.»

Une valeur patrimoniale

«Nous sommes convaincus que le château est un site et une valeur patrimoniale à préserver et à valoriser, assure le syndic Stéphane Reszo. La zone concernée par les constructions ne représente que 7355m2. En conséquence, si l’on enlève la zone dévolue au château, le plan de quartier fixe le maintien d’un espace inconstructible de 28’599m2. Il y aura un nouveau parc, des chemins piétonniers. Tout le monde pourra en profiter.» En tout, huit oppositions ont été envoyées durant la mise à l’enquête en mars. «On est loin de la levée de boucliers qui avait eu lieu pour le quartier des Uttins.»

Alors que les opposants se demandent si ces 70 logements feront une différence à côté de l’ampleur des nouvelles constructions prévues à Crissier, ce plan de quartier a une autre visée toute pratique. En effet, les deux droits distincts de superficie accordés sur cette parcelle permettront des rentrées d’argent qui seront dévolues à la rénovation et l’entretien du château.

Le plan de quartier étant validé depuis fin 2017, la dimension des bâtiments ne peut normalement plus être modifiée. «Mais tout le monde les trouve disproportionnés», rapporte Etienne Dufour qui ne va pas s’arrêter là. «Nous allons former un groupe avec les autres opposants et essayer d’agir. Selon l’évolution nous lancerons peut-être un référendum avec l’association Sauvegardons Crissier.»