Tu ne suceras point...

Un vrai lama, ce Dalaï. Au moindre prétexte, il sort la langue et bave sur tous ceux qui l’entourent. Alors évidemment, quand il demande à un gamin de lui sucer la langue, dans nos contrées bien pensantes et ethnocentrées, ça choque, sans que l’on soit capables d’imaginer que d’autres cultures partagent des codes différents.

 Parce que bien sûr, nos codes à nous sont meilleurs et sacrés, et tous ces pauvres benêts de l’autre bout du monde n’ont qu’à courber l’échine et accepter nos propres comportements, qu’à bien des égards, ils seraient tout autant en droit de juger offensants ou dégradants.

Mais bref, une chose est en tout cas incontournable: chez nous, on ne peut plus rien sucer, et encore moins quand on est un chef spirituel et religieux. Nos pauvres curés en savent bien quelque chose, eux qui ont pu sévir impunément durant des siècles et désormais voient leurs bouches irrémédiablement closes par ce 11ème commandement inscrit dans les nouvelles Tables de la Loi: tu ne suceras point!

Quant au Dalaï-Lama, pas fou, histoire de préserver sa zénitude et surtout son capital de sympathie en Occident où on aime tout autant porter aux nues que vouer aux gémonies (que la petite Greta en prenne de la graine), il a battu sa coulpe et ravalé sa salive aussi piteusement que Florence Germond l’avait fait quand elle avait osé éclater de rire en pleine séance du Conseil communal. «Sa Sainteté taquine souvent les personnes qu'elle rencontre de manière innocente et ludique» ont donc écrit ses communicants, désormais maîtres dans l’art de rattraper les bourdes de leur chef spirituel.

Promis, juré, craché, taquin ou pas, avant de sucer quoi que ce soit, Sa Sainteté tournera désormais sept fois la langue dans sa bouche.