Yoann Kongolo à la conquête de Las Vegas

SUCCESS STORY • À 28 ans, le boxeur Yoann Kongolo gagne combat sur combat par KO. Alors que le Lausannois s’apprête à monter sur le ring à Las Vegas, un documentaire revient sur sa trajectoire. Portrait.

  • Yoann Kongolo, du punch à revendre. DR

    Yoann Kongolo, du punch à revendre. DR

À 11 ans, Yoann Kongolo a fini à l’hôpital après avoir été tabassé par un gars de son quartier de six ans son aîné. Aujourd’hui, le Suisse d’origine congolaise lui en reste reconnaissant! «C’est grâce à ce type si je suis aujourd’hui boxeur, raconte le Lausannois de 28 ans. À l’époque, je m’étais mis au karaté pour me venger, mais mon professeur m’avait d’emblée appris à maîtriser mes émotions et canaliser mon énergie. »

À 11 ans, le préado participe à son premier combat et gagne. À 15 ans, il s’aligne contre des adultes et devient champion suisse. À 18 ans, une fois son apprentissage en poche, il bifurque vers le kickboxing. Il devient pro à 21 ans avec sa première victoire par KO. «J’ai toujours voulu montrer que j’étais le meilleur ou que je pouvais le devenir», explique-t-il.

Spécialisé dans les KO…

Fin août, le Suisse a battu à Moscou un redoutable Russe. C’était son 3e combat pro en boxe anglaise, sa 3e victoire et son 2e KO, sa «marque de fabrique». Kongolo en a déjà dispensé au total 45 en une centaine de combats (dont un en MMA en 2012) et bien souvent avec ses pieds. Sa jambe droite est d’ailleurs tatouée d’un dragon, symbole de puissance.

Kongolo est souvent comparé à Mike Tyson. «Car il boxe avec le cœur et sans demi-mesure», commente son ami Cabal Crenn. Yoann Kongolo ne connaît plus la peur. La seule qui l’habite encore est celle de décevoir ceux qui croit en lui. «En montant sur le ring, je me sens comme un gladiateur rentrant dans l’arène. Je suis transporté par ces regards rivés sur moi.» En ces instants, le Lausannois s’appuie sur sa foi chrétienne. Il prie pour ne pas se blesser et se signe avant chaque combat en versant un peu d’eau bénite sur ses gants.

Aîné d’une famille de huit enfants issus du quartier de la Bourdonnette, le boxeur puise beaucoup de force auprès de son père, un Congolais, ancien trompettiste de jazz célèbre et de sa maman, une forte femme fribourgeoise qui lui a donné la vie à 16 ans. «Ils m’ont appris le respect et à donner le meilleur. Ces valeurs, ma compagne et moi les transmettons à notre fils de 3 ans.»

Champion du monde?

Et puis il y a la fierté des racines africaines. Le racisme? Yoann Kongolo l’a croisé. «À chaque succès, je suis présenté comme suisse alors qu’à chaque échec, on met l’accent sur mes origines africaines… Mais je suis fier de représenter la Suisse.» Le passionné a déjà amorcé une reconversion voici un an et demi, en ouvrant à Prilly «Fight-District», avec Jérémie Canabate et Cabal Crenn. Cette salle dédiée principalement à la boxe anglaise, au kickboxing, à la boxe Thaï et au MMA charrie déjà 230 membres. Aujourd’hui, la boxe reste toute la vie de celui qui est déjà champion d’Europe de kickboxing. , un beau documentaire revenant sur sa trajectoire vient de sortir. Et l’athlète, managé par Ulli Norman, «s’inflige» 36h d’entraînement hebdomadaire en vue de combats qu’il disputera fin-septembre à Las Vegas. Son objectif? «Décrocher un jour un titre mondial !»