«La précarité augmente dans notre ville et cela ne concerne de loin pas que les migrants. De plus en plus de jeunes Suisses et des retraités se retrouvent à la rue, quel que soit le milieu d’où ils viennent», annonce d’emblée Nicolas Chappuis, le responsable du premier Forum populaire sur la précarité. Plusieurs centaines de Lausannois, travailleurs sociaux, bénéficiaires ou simples curieux se sont réunis deux jours pour tenter de mieux se comprendre, s’aider et surtout se coordonner. Parmi les moments forts en émotion, le témoignage d’un homme âgé a permis de mieux saisir à quel point chacun pouvait se sentir concerné. Pour la première fois dans la rue depuis trois semaines suite à une séparation, il a expliqué qu’il découvrait avec surprise que sa détresse extrême était partagée par de nombreux concitoyens. C’est d’ailleurs précisément pour tenter de mieux informer et prendre en charge ces bénéficiaires que les 12 institutions sociales représentées ont raconté leurs réalités respectives et émis leurs propositions.
Une ville dépassée
Du côté de la ville de Lausanne, représentée par son chef du service social Michel Cornut, le message est clair: une augmentation du budget est aujourd’hui impossible malgré que les structures actuelles soient dépassées. De plus, la crainte d’un appel d’air de bénéficiaires d’autres régions, la volonté d’un engagement supplémentaire du Canton ou de la Confédération ne plaident pas pour un investissement supplémentaire. Quant aux bénéficiaires des structures d’urgence, ils ont tenu à expliquer combien rebondir était devenu compliqué.
Citoyens engagés
La bonne surprise de ce forum reste la mobilisation du grand public qui cherche à comprendre. Ces derniers mois, les initiatives citoyennes se sont multipliées à Lausanne à l’instar du collectif Jean Dutoit ou de simples familles qui ont fait le choix d’accueillir ou de soutenir une personne qui a tout perdu. En complément des circuits officiels dits à bas seuil, il semblerait donc qu’une certaine forme d’engagement citoyen pour apporter de l’écoute ou une aide ponctuelle soit la solution pour ajouter un peu d’Humanité à un système un peu dépassé.