A l'avenue d'Echallens, un tunnel libérateur

BROUETTE  • La fréquence des accidents, dont quelques-uns furent mortels, a décidé les autorités à enterrer la ligne du LEB, après l’avoir prolongée en souterrain jusqu’à la gare du Flon en 1995.

C’est par l’avenue d’Echallens qu’arrivent tous les jours jusqu’à 10 000 voitures venues de l’arrière-pays. Cela ne serait rien si ne s’y côtoyaient pas aussi trains, bus et piétons. Le train? C’est le «Lausanne-Echallens-Bercher»; le LEB, comme on dit. Ou encore «La Brouette», surnom qu’on lui donne encore, parce que le premier projet envisageait d’utiliser le système français Larmanjat à rail unique noyé dans la chaussée.
Mais, au dire d’un ingénieur qui a vu circuler ce train à Paris, la locomotive abandonne trop souvent la voie en courant à droite et à gauche, telle une brouette. La ligne complète à écartement métrique a été ouverte en 1874, puis prolongée jusqu’à Bercher en 1889, sous l’influence de Nestlé, qui y possédait une usine de lait condensé et qui paya une partie des travaux d’extension.
Lenteur et... moqueries
Le LEB traîne une réputation de lenteur et fait l’objet de moqueries, comme dans cette vieille chanson populaire: «Pour voyager rapidement/Sur le train Lausanne-Echallens/Partez à pied, marchez devant/Tout doux, tout doux, tout doucement.»
L’entrée dans Lausanne est celle de tous les dangers, au point que lors des huit premiers mois d’exploitation du train, un sapeur, surnommé le «nègre fédéral», a dû marcher en avant-coureur, muni le jour d’un drapeau et la nuit d’un falot, devant le train sur toute l’avenue en criant à tue-tête: « Gare, voici le danger!» Il ne croyait pas si bien dire. Le trafic s’est densifié, voitures, LEB (140 trains par jour) et bus se disputent l’espace vital au détriment des piétons.
50 commerces
La fréquence des accidents, dont quelques-uns furent mortels, décida les autorités à enterrer la ligne – après l’avoir prolongée en souterrain jusqu’à la gare du Flon en 1995. En 2022, voici donc l’avenue d’Echallens libérée de sa Brouette. C’est le moment de l’emprunter sans risquer sa peau: plus de 50 commerces y ont pignon sur rue, entre de splendides maisons du début du XXe  siècle et de désespérantes croûtes architecturales des années 60. L’ambiance y est cosmopolite et populaire. n

Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer»,  de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com
Disponible en librairie.