Le président du Conseil communal de Lausanne veut mettre fin à la culture du clash

PREMIER CITOYEN • Le PLR Matthieu Carrel préside le Conseil communal de Lausanne depuis le mois de juin dernier. A 38 ans, cet avocat incarne le renouveau d’un hémicycle considérablement rajeuni.

Lausanne Cités: La présidence du Conseil communal n’est-elle pas une simple fonction honorifique?

Matthieu Carrel: Non, elle a vraiment un intérêt, avec un rôle important d’organisation des débats et de lissage des positions, de mise en place de l’ordre du jour et de traitement des questions particulières…

En parlant de question particulière, le remboursement des frais d’avocats des conseillers communaux attaqués en justice s’effectue sans base légale. Qu’en pense le juriste que vous êtes?

Ma position est claire. J’ai veillé à ce que la commission qui réfléchit à insérer cette possibilité dans le règlement sur les indemnités, prenne une position avant mon entrée en fonction. Comme elle a accepté ce principe, je maintiendrai cette pratique, le temps que le cadre d’application soit défini.

Au final, on a quand même le sentiment que quelle que soit la personne, la présidence du Conseil s’exerce de la même manière…

C’est vrai, c’est un peu la servitude de cette fonction qui pousse à mettre en retrait les éléments clivants. Cela implique une capacité de dialogue avec tout le monde et donc de mettre en sourdine les aspérités…

Quelles aspérités allez-vous donc mettre de côté?

(rires) J’ai été assez critique avec la Municipalité sur les questions fiscales ou  l’Espace de consommation sécurisé. Là, mon rôle sera différent…

Vous êtes candidat au Conseil national pour les prochaines fédérales. Cette présidence du Conseil communal n’est-elle pas une sorte de tremplin?

Non pas vraiment, car si cela avait été le cas, il aurait fallu que je l’occupe plutôt l’an dernier, la campagne étant déjà lancée. Ceci d’autant que pour le Conseil national, on ne peut de loin pas se suffire de  Lausanne…

On dit aussi qu’en vous rasant le matin, vous pensez à briguer le siège de Pierre-Antoine Hildbrand à la Municipalité…

Pourquoi briguer son siège, l’objectif serait plutôt de viser deux élus PLR à la Municipalité! Plus sérieusement, je n’exclus rien, cela pourrait être un jour une opportunité intéressante, mais il faudrait un alignement des planètes…

Vous venez de vous installer à votre compte en tant qu’avocat. Est-ce compatible avec la présidence du Conseil communal?

Absolument! En tant qu’avocat, je suis maître de mon agenda, ce qui rend plus facile de dégager du temps pour la présidence quand ce sera nécessaire…

Vous n’avez que 38 ans… Votre jeunesse ne sera-t-elle pas un handicap?

Non, c’est même plutôt un avantage car le Conseil communal s’est considérablement rajeuni. Etre jeune est une garantie de meilleure représentativité.

Quelles sont vos priorités en tant que président?

Le Conseil communal est devenu plus politique, c’est plutôt positif, mais il faut veiller à garder une dimension respectueuse dans les échanges pour ne pas générer de blocages. Je vais donc m’atteler à aplanir les clashs potentiels.

Et comment pensez-vous y parvenir?

Il est judicieux d’agir sur un échelon souvent sous-estimé, celui des chefs de groupes. Un des grands problèmes, c’est la multiplication des interpellations urgentes qui tend à devenir un instrument pour faire avancer les dossiers. En tenant les groupes informés du nombre d’interpellations, on peut éviter des redondances ou le recours à de fausses urgences…